Fessées, chantage, humiliations, culpabilisation, ou encore mensonges et cris, ces pratiques sont courantes chez les adultes qui s’occupent d’enfants. 80% d’entre eux reconnaissent utiliser ces formes de violences physiques ou psychologiques pour se faire obéir et pensent que c’est bon pour l’enfant. Héritage du passé ou méconnaissance de ce qu’est un enfant, il n’est pas toujours aisé de faire autrement. Les conséquences sur la santé de l’enfant sont pourtant nombreuses : anxiété, agressivité, dépression, et parfois même certains cancers infantiles… Utiliser la violence à répétition pour changer le comportement d’un enfant n’est pas une pratique éducative, c’est une destruction de l’être. Alors que nous pensons faire bien, au nom de l’amour, nous créons chez nos enfants du stress et de la mésestime d’eux-mêmes. La loi du 10 juillet 2019 interdit les violences éducatives ordinaires . En effet, la violence n’est pas un mode d’éducation. L’enfant, par son immaturité et sa vulnérabilité, a besoin d’être accompagné dans ce qu’il est, et dans ce que nous sommes tous : des êtres d’émotions.
Il règne jusqu’au 21ème siècle un courant éducatif autoritariste des enfants qui est proche du dressage. L’adulte ordonne et l’enfant se soumet, sous peine de châtiments corporels ou psychologiques. L’enfant est alors considéré comme un être inférieur sur lequel ses parents ont le droit de vie et le droit de mort. Les recherches en sciences montrent aujourd’hui l’impact des violences sur ledéveloppement de l’enfant. Plus il y a de violences, plus le niveau de stress de l’enfant augmente et plus le cerveau s’altère.
Violences éducatives ordinaires : quelles conséquences sur l’enfant ?
« T’es méchant », « t’es nul », « file dans ta chambre », « je vais te laisser seul ici » (…) Ces phrases, qui peuvent paraître anodines pour l’adulte, font partie en réalité de ce que l’on nomme aujourd’hui les violences éducatives ordinaires. Le cerveau de l’enfant étant immature, ces mots sans empathie provoquent chez lui un sentiment d’insécurité affective. Il y a alors sécrétion de cortisol, l’hormone du stress. Le cerveau s’abîme, ce qui a un impact direct sur les apprentissages.
Les violences éducatives ordinaires affectent également la confiance en soi de l’enfant. Les mots et les gestes brutaux ne donnent pas de sens à ce que vit l’enfant, au moment où il le vit. Laissé seul avec ses émotions débordantes, il est en proie à ses angoisses. A force de répétition, il est possible que l’anxiété conduise à une dépression.
Rôle de l’adulte : reconnaître les émotions de l’enfant
Etre empathique avec son enfant ne signifie pas être laxiste. Au contraire, il s’agit de poser un cadre rassurant, savoir dire non sans humilier. A l’école Montessori à tâtons, nous veillons à décoder lesémotions de l’enfant et à les nommer afin d’aider l’enfant à s’apaiser. C’est de cette façon que son cortex préfrontal peut maturer.
Souvent, nous n’avons pas été nous-mêmes accueilli dans nos émotions. Nous ne faisons que reproduire une éducation qui nous semble juste. Pourtant aujourd’hui, la loi prône l’interdiction de la fessée par exemple. L’enfant ne doit pas être nié dans ce qu’il vit, ses émotions, au risque de se détruire. Le bébé qui pleure a besoin de bras, tout comme l’enfant qui se roule par terre et hurle. Il n’y a pas de caprice comme le pense souvent l’adulte en colère ou démuni. Des ateliers parents-enfants voient de plus en plus le jour car accompagner un enfant n’est pas inné. Le besoin de soutien est important.
Nous sommes tous concernés par les violences éducatives ordinaires dès lors que nous sommes responsables d’un enfant. Se montrer empathique et ferme à la fois, c’est permettre à l’enfant un développement global harmonieux. Ce type d’éducation ne va pas de soi et la mettre en place demande un véritable travail, qui commence par la question élémentaire: quelles sont mes propres émotions et à quels moments ?
