quelle place pour le doudou ?

Que l’enfant rentre à l’école maternelle pour la première fois ou non, la séparation avec les parents n’est pas toujours bien vécue. Un doudou est un objet rassurant qui rappelle à l’enfant la présence de sa maman. Il peut être une peluche ou tout autre chose comme un morceau de tissu. Grâce à lui, l’enfant peut supporter l’absence et le manque. La pédagogie Montessori soutient l’idée d’un développement psycho-moteur de l’enfant qui respecte son rythme, ses besoins et son envie. C’est donc naturellement que le doudou a toute sa place dans les écoles Montessori, et d’autant plus que l’enfant est jeune. A l’école Montessori A tâtons, nous accueillons les enfants dès l’âge de 2 ans et la question du doudou est centrale. C’est aussi au sein de l’ambiance que se joue la question de la séparation, entre l’enfant et le doudou cette fois-ci. Dans quelles mesures le doudou aide-t-il à grandir ? Comment faire vivre cet objet transitionnel dans une ambiance Montessori ?

 

La peluche est un des premiers cadeaux que l’ont fait à un enfant qui vient de naître. Il n’est pas certain que celle-ci devienne son doudou puisque c’est l’enfant lui-même qui le choisit. Pour autant, c’est l’ours en peluche, ou Teddy Bear, apparu aux Etats-Unis au début du 20ème siècle, qui rencontre un franc succès. Il est à l’origine de la journée mondiale de la peluche le 9 septembre.

 

A-t-on vraiment conscience de ce que représente un doudou, Teddy Bear ou non, pour l’enfant en cours de développement ?

 

 

A quoi sert un doudou ?

Le doudou fait généralement apparition dans la vie de l’enfant durant la première année. C’est sur cet objet que l’enfant va venir puiser toute l’affection dont il a besoin. Le besoin en câlins est vital pour l’enfant, il permet de grandir et d’évacuer les tensions. Dans la pédagogie Montessori, respecter le besoin de sécurité affective de l’enfant est une valeur essentielle. Il va de soi que le doudou reste à disposition de l’enfant.

 

Ce doudou précieux, ou objet transitionnel, est un espace sécure où l’enfant peut créer, penser et imaginer. Il est à la fois le prolongement de sa mère et un peu de lui-même. En matérialisant une absence rassurante, le doudou aide l’enfant à se dégager du besoin de sa mère et à faire face à la solitude. Cet objet est désinvesti progressivement, souvent vers l’âge de 5-6 ans, au moment où le plaisir d’apprendre devient plus important. Certains enfants investiront leur doudou plus longtemps et d’autres n’en auront tout simplement pas. Chaque enfant est unique.

 

 

Les doudous à l’école Montessori A tâtons : exemple du Nido

 

Plus l’enfant est jeune, plus la place du doudou est grande. A l’école Montessori A tâtons, nous veillons à respecter ce besoin tout en accompagnant l’enfant à se détacher progressivement de son objet-substitut parental. Caroline, assistante Montessori dans l’ambiance du Nido, témoigne avec beaucoup de ferveur de cet accompagnement de la plus haute importance chez les enfants de 2-3 ans. Dans son ambiance, l’objet-doudou, quel que soit la forme choisie par l’enfant, est en libre accès dans un casier. Dès que l’enfant en éprouve le besoin, il peut le prendre et se réconforter. Pour autant, le doudou ne se substitue pas à l’adulte référent et ses bras réconfortants ou sa parole structurante. Il est un complément, un tremplin entre le connu et l’inconnu, une première marche vers l’autonomie grâce au soutien de l’adulte.

 

Dans ce sens, Caroline observe attentivement le comportement des enfants avec leur doudou. Pour certains, le recours à celui-ci est permanent, parfois même couplé à la sucette. Il est vrai qu’à l’école, cela peut être un frein à l’apprentissage du langage si aucun accompagnement n’est mis en place. En effet, l’enfant se retrouve retranché derrière ses rêveries inhérentes à la fonction du doudou et se tourne peu vers l’extérieur. Pour autant, Caroline a accompagné Anna, une petite fille de 2 ans, vers plus d’autonomie affective vis à vis de ses objets transitionnels. Elle a tout d’abord laissé à cet enfant un grand moment d’adaptation avec sa sucette et son doudou jusqu’à ce que l’enfant, suffisamment en confiance, soit moins en demande de ces objets. Caroline a ensuite verbaliser ses observations auprès de l’enfant et  lui a proposé une mise à disposition de ses doudous dans le casier. Finalement, ce n’est plus que pour la sieste que ces objets ont été nécessaires. Anna a ensuite fait de grand progrès en langage et a gagné en autonomie affective. Un travail sur la séparation, dans le respect des besoins propres à chaque enfant, a donc pu s’opérer quand l’enfant s’est senti suffisamment soutenu par l’adulte.

 

Le doudou, ou objet transitionnel, a toute sa place à l’école, notamment dans l’ambiance du Nido. Il représente un « lieu » secure en l’absence des parents. Le doudou, qu’il soit présent ou non, témoigne de la relation avec les parents. A l’école Montessori A tâtons, les adultes accompagnent l’enfant vers l’autonomie et la responsabilité en travaillant sur la séparation avec bienveillance grâce à leurs observations. Comme l’énonçait Maria Montessori : « la qualité fondamentale pour le parent ou l’éducateur est de savoir observer ».