Le jeu libre, sans consigne, choisi par l’enfant lui-même, a pour seul but de procurer du plaisir. Dès son plus jeune âge, l’enfant joue avec sa bouche, sa voix, son corps, puis il met en scène sa vie réelle dans les jeux de « faire semblant ». C’est sa manière d’appréhender le monde. En exprimant ce qu’il ressent, il construit son identité, son propre « je ». Jouer aide à grandir. C’est vrai si l’adulte offre une présence contenante à l’enfant. « Aide-moi à faire seul » disait Maria Montessori. A l’école A tâtons, nous observons les jeux libres des élèves de 2 à 10 ans lors des temps de garderie et de récréation. Ces activités ludiques spontanées révèlent le besoin essentiel de l’enfant de jouer pour se développer, autant sur le plan individuel que social.

 
Quel cadre proposer aux enfants dans ces moments de spontanéité et de créativité pour éviter le hors-jeu ?

Le jeu libre, parce qu’il fait jouer à l’enfant différents rôles, permet de développer l’empathie. C’est une qualité essentielle pour développer la paix sociale. L’ONU, en 2011, crée à ce propos la journée mondiale de l’amitié  le 30 juillet. Il s’agit de renforcer les liens de solidarité entre humains, dès le plus jeune âge, afin de faire face aux problématiques mondiales de crises. Laisser un enfant jouer librement c’est donc lui offrir un espace de vie fondamental entre lui et le monde. Les vacances d’été approchent, c’est l’occasion d’accompagner le temps libre des enfants.

 

Le jeu libre est-il sérieux ?

En premier lieu, le jeu libre permet à l’enfant d’avoir la maîtrise sur ce qui lui échappe. Il peut décider (jouer) ce qui lui arrive. En rejouant les situations, comme par exemple une dispute avec un camarade de classe, il en améliore sa compréhension. En occupant différentes places dans le jeu, il développe son empathie et la reconnaissance de l’autre comme différent de lui. Dans la pédagogie Montessori, nous travaillons à développer ces compétences sociales, notamment avec la roue des émotions qui aide l’enfant à reconnaître son état intérieur.    

 

En second lieu, le jeu libre, sans règles, permet à l’enfant d’expérimenter un maximum de possibles. Il suit ses idées librement sans qu’il y ait une attente de résultat. Il décide. Il développe ainsi sa confiance en lui, son autonomie et la résolution de problème. En effet, l’enfant apprend à trouver des solutions originales aux problèmes qu’il rencontre. N’est-ce pas une voie royale pour prendre place dans le monde ?

 

Quel cadre pour le jeu libre ?

L’adulte délimite le cadre du jeu libre. Pour qu’il y ait jeu, le respect de l’autre est indispensable. Les émotions, le psychisme et le physique de l’autre doivent être préservés. Sinon, il n’y a plus de jeu. L’adulte est garant de la frontière entre le jeu et le non jeu.

 

L’adulte est présent mais intervient le moins possible dans le jeu. Il offre une présence rassurante, une sécurité affective à l’enfant, tout en ne jugeant pas le contenu des jeux. C’est de cette manière que l’enfant peut s’exprimer librement. En jouant, les enfants mettent du sens sur le monde qui parfois les dépasse. La limite est le respect de soi et de l’autre. L’adulte y veille.

 

Le jeu libre est l’élan vital de l’enfant. Accompagné avec bienveillance par l’adulte, il aide l’enfant à interagir avec le monde et à développer sa confiance en lui. Il a donc toute sa place dans les écoles car il correspond en tous points à la pédagogie de Maria Montessori centrée sur le développement de l’autonomie.