Selon Maria Montessori, l’enfant est libre de choisir son activité, si tant est qu’elle lui a été présentée par un éducateur et qu’elle n’est pas utilisée par un autre enfant. Ainsi, l’enfant a le droit de s’orienter vers l’activité qui l’attire. Il est pris en compte dans ses aspirations et les apprentissages ne peuvent être que facilités. Respecter la personnalité de l’enfant implique aussi de lui donner un cadre. Son besoin de liberté est aussi grand que son besoin de règles. Bien souvent, la pédagogie Montessori est assimilée à une pédagogie du laisser-faire. Il en est tout autre. A l’école Montessori A tâtons, nous savons que l’exercice de la liberté chez l’enfant va de paire avec l’intégration des règles et donc avec son auto-discipline. Nous savons également que l’enfant teste nos limites de manière naturelle. Alors, quand un enfant tente de contourner la règle, nous intervenons pour créer un espace de sécurité.
L’enfant n’a pas toujours été considéré comme un être à part entière. Il a souffert d’une image déformée, celle d’un adulte en miniature ou bien celle d’un petit être innocent. L’évolution des sciences humaines depuis les années 50 a permis une évolution du concept d’enfant.
Qu’est ce qu’un enfant ?
L’étymologie du mot enfant renvoie à « infans » qui signifie celui qui ne parle pas. Les enfants ont longtemps été considérés comme des personnes sans besoins spécifiques. Il n’avaient qu’à suivre le monde des adultes. L’instruction prévalait sur l’éducation. Or, l’avancée des sciences humaines a prouvé que l’enfant développe sa personnalité selon l’environnement dans lequel il évolue et selon des facteurs innés comme l’hérédité. Il faut attendre 1954 pour que naisse la journée mondiale de l’enfance qui vise à promouvoir les droits des enfants. Elle célèbre aujourd’hui la déclaration des droits de l’enfant en 1959 et la convention relative aux droits des enfants en 1989.
https://www.humanium.org/fr/normes/declaration-1959/texte-integral-declaration-droits-enfant-1959/
Aujourd’hui, les enfants disposent de droits permettant de les protéger en tant qu’êtres totalement dépendants de leur environnement. La loi impose le respect de l’enfant, tant sur le plan physique que sur le plan psychique. Si les châtiments corporels ont longtemps été de rigueur à l’école et dans les familles, une nouvelle loiqui vise l’interdiction de la fessée a vu le jour en 2019 https://www.legifrance.gouv.fr/dossierlegislatif/JORFDOLE000037666111/
Pour autant, respecter son enfant et ses besoins ne signifie pas dire « oui » à tous ses désirs.
Pourquoi dire « non » à son enfant ?
L’enfant est naturellement centré sur ses désirs et si personne ne l’arrête, il peut se mettre en danger ou mettre en danger les autres. Le rôle de l’adulte est de le protéger et par voie de conséquence de dire « non ». Les limites et les frustrations qu’elles génèrent sont indispensables au bon développement psycho-affectif de l’enfant. Que se passerait-il pour l’enfant si vous le laissiez faire que des repas sucrés par exemple ? Certaines règles sont non négociables car elles touchent directement à la santé de l’enfant. D’autres se construisent à l’aide de l’adulte, notamment celles qui traitent de la vie en société. L’école est un terrain d’apprentissage fertile dans ce domaine.
A l’école Montessori A tâtons, nous avons de nombreuses occasions d’observer ces petits êtres de désirs, notamment au moment des jeux libres en récréation. Nous sommes vigilants à ce que le désir de l’enfant ne franchisse pas les limites posées par l’adulte. Si c’est le cas, nous faisons verbaliser la règle et questionnons l’enfant sur ce qu’il pourrait faire à présent pour résoudre le conflit. Certains enfants auront besoin de rester un moment près de l’adulte pour s’apaiser. C’est une étape nécessaire pour apprendre à contrôler ses émotions, à tolérer ses frustrations et à comprendre que les autres existent. L’enfant, en intériorisant progressivement les règles du « vivre ensemble », devient plus libre.
Liberté et discipline sont deux approches éducatives indissociables. Le respect de la personnalité de l’enfant ouvre le chemin de la discipline… à condition que l’adulte reste le garant de la règle. La paix ne se déclare pas, elle s’apprend.