L’autonomie est la possibilité de penser et de faire par soi-même, sans se référer à une autorité. Dans les programmes officiels de l’Education Nationale, l’autonomie apparaît comme un procédé au service des apprentissages. A terme, il y a l’indépendance du sujet. Mais avant, l’autonomie s’apprend. La pédagogie Montessori nous invite à repenser nos idées sur l’éducation à l’autonomie en soulevant deux idées majeures : l’importance d’un environnement préparé et le rôle de l’éducateur dans le développement de la capacité à juger par soi-même. L’enfant est un être d’émotions qui a besoin de faire des expériences pour apprendre, selon son propre rythme d’apprentissage. Grâce au support du matériel Montessori et à la conduite de l’adulte, l’enfant peut apprendre de manière autonome. L’adulte n’est plus le maître. Il est un guide, un intermédiaire entre le matériel et l’autonomie. Il aide l’enfant à faire seul, sans faire à sa place. Telle est justement la difficulté principale à laquelle se heurtent parents ou éducateurs pour diverses raisons : manque de temps ou de patience, sentiment de perte de contrôle, méconnaissance du rôle de l’autonomie dans les apprentissages, prévalence du savoir institutionnalisé sur le savoir-être … Pourtant, la pédagogie Montessori prône l’éducation à l’autonomie comme vecteur des apprentissages. Il s’agit de s’élever par la connaissance de soi et des autres pour être en mesure d’apprendre, c’est à dire de « prendre » des connaissances et de les intégrer. Pour cela, un ensemble de dispositifs humains et matériels semblent incontournables.
L’autonomie est la condition d’un apprentissage optimum qui permet aux élèves de vivre ensemble. Celle-ci se construit en classe et comporte différentes facettes selon l’âge de l’enfant. L’adulte met en place un apprentissage actif par l’aménagement de sa classe et il connaît le degré d’autonomie de l’enfant. Zoom sur le système Montessorien.
Quels sont les outils pour construire l’autonomie ?
Pour vivre ensemble et pour pouvoir agir librement, la discipline est nécessaire. Dans chaque classe de l’école Montessori A tâtonsse trouvent affichées les règles de vie. Il y a également des repères dans l’organisation de la classe qui permettent aux élèves d’aller chercher eux-mêmes une activité. Ils sont d’ailleurs invités à choisir leur activité parmi un ensemble donné. Les élèves de la classe des 6-12 ans disposent par exemple d’un plan de travail. De plus, comme le matériel est auto-correctif, l’enfant est libre du contrôle de l’adulte. Dans la classe des 2-3 ans, le développement de l’autonomie débute par la préparation de la collation ou encore le repérage de ses affaires personnelles dans l’ambiance.
La pédagogie de l’autonomie demande de la part de l’enfant des réflexes de travail. Ils sont rendus possibles par la mise en place progressive, selon l’âge de l’enfant, de l’autonomie matérielle, spatiale, intellectuelle ou affective. L’enfant n’est plus en attente. Il a la possibilité d’agir sur son environnement et sur lui-même. Il a des responsabilités et sa confiance en lui est renforcée. De cette manière, l’enfant est en mesure d’apprendre.
Comment aider l’enfant à faire seul ?
Accompagner l’enfant sur le chemin de l’autonomie demande de la part de l’adulte de créer une ambiance où règnent discipline et liberté. Pour cela, Maria Montessori nous rappelle que l’enfant dispose d’une grande capacité de travail et a un immense désir d’apprendre. Aussi, l’adulte, qui fournit à l’enfant le bon matériel au bon moment, doit proposer des interventions utiles pour ne pas entraver le processus d’apprentissage. L’important est le contenu et l’enfant. L’adulte reste en retrait et valorise l’effort de travail plutôt que le résultat. Dans la pédagogie Montessori, c’est la motivation intrinsèque qui est renforcée.
La difficulté de l’adulte à faire vivre l’autonomie réside bien souvent dans la tendance à croire que les enfants vont au même rythme que lui, ou à penser que son aide est indispensable, projetant ainsi son affectivité sur l’enfant. Au lieu de laisser l’enfant faire seul, avec le temps nécessaire et son soutien bienveillant, il fait à sa place et le prive d’autonomie. Le message passé à l’enfant est clair : « tu n’es pas capable ». Si l’adulte est rassuré, l’enfant, lui, est freiné dans son développement. Pour remédier à ce fonctionnement, Maria Montessori propose aux adultes référents de se questionner sur leur manière d’agir avec les enfants et de leur faire confiance.
L’autonomie permet à l’enfant de devenir un adulte équilibré, capable de choisir la qualité de sa vie. Dans la classe, la pédagogie Montessori permet d’instaurer un cadre où règne discipline et liberté. L’éducateur, garant de l’ambiance, conduit les enfants vers l’indépendance en faisant preuve de patience, d’humilité et de questionnement sur sa pratique. L’éducation à l’autonomie se partage entre l’école et la maison et pose la question d’une co-éducation parents-enseignants. En effet, pour le bien-être de l’enfant, n’est-il pas préférable qu’il vive une continuité entre la maison et l’école ?